Læ Queer Unicode Initiative (QUNI)
Læ QUNI est la recette qui permet aux fontes post-binaires d'être compatibles entre elles. I·el permet également l'activation de remplacements automatiques lors de la saisie au clavier.
En avril 2022, Bye Bye Binary a sorti une première version du QUNI qui a été corrigée et augmant pour la sortie de la nouvelle typothèque en septembre 2024.
Comment qunifier sa fonte ?
Qunifier, c'est-à-dire encoder des caractères post-binaires dans une fonte selon læ QUNI, est easy. Il suffit de dessiner les glyphes dans votre éditeur de fonte préféré (Glyphs, FontLab, FontForge, Birdfont, etc.), de leur attribuer le nom et le code Unicode adéquats en consultant le tableau de læ QUNI, et enfin de rédiger les features OpenType qui activeront les remplacements automatiques à la saisie.
Si vous travaillez sur Glyphs, vous pouvez aussi simplement partir du fichier Glyphs précuit.
Pour l’écriture des features OpenType, vous pouvez puiser dans les fichiers d’exemples commentés et/ou vous référer au tableau de læ QUNI.
Ces fichiers documentent les prérequis et l’écriture des features OpenType recommandées par læ QUNI. Pour rendre ces features fonctionnelles dans votre fonte, il est nécessaire que la fonte contienne les 6 caractères suivants :
- un point médian
periodcentered
U+00B7 - un point médian ajusté à hauteur des capitales — pour cela ajouter un glyphe nommé
periodcentered.case
(tu peux par exemple copier coller ton médian standard et le remonter un poil !) - des points de suspension
ellipsis
U+2026 - un e macron bas-de-casse « ē »
emacron
U+0113 - un E macron capitale « Ē »
Emacron
U+0112
Pour permettre aux personnes qui n’ont pas accès au point médian sur leur clavier de taper des caractères post-binaires, on met en place le remplacement automatique d’une suite des deux points bas period period
en point médian periodcentered
. Dans la volée, on remplace aussi les suites de trois points bas period period period
en points de suspension ellipsis
, pour éviter les conflits :
lookup point {
sub period period by periodcentered;
sub period period period by ellipsis;
} point;
On crée une classe @Uppercase
dans laquelle on met toutes capitales et on remplace le point médian normal par periodcentered.case
quand il est entouré de capitales :
sub @Uppercase periodcentered' by periodcentered.case;
sub periodcentered' @Uppercase by periodcentered.case;
Les ē et Ē macron nous seront utiles pour marquer un rappel de l’accent grave dans les mots avec terminaison en « -er/-ère » comme boulanger·e → boulangēre ou ouvrier·e → ouvriēre. On remplace le e
ou egrave
par un emacron
dans les mots boulangēr·e, ouvriēr·e, sēc·he, poēte·sse :
lookup macron {
sub e' r periodcentered by emacron;
sub egrave' r periodcentered by emacron;
sub E' R periodcentered.case by Emacron;
sub Egrave' R periodcentered.case by Emacron;
sub e' c periodcentered h by emacron;
sub egrave' c periodcentered h by emacron;
sub E' C periodcentered.case H by Emacron;
sub Egrave' C periodcentered.case H by Emacron;
sub eacute' t e periodcentered s s by emacron;
sub egrave' t e periodcentered s s by emacron;
sub Eacute' T E periodcentered.case S S by Emacron;
sub Egrave' T E periodcentered.case S S by Emacron;
sub e' t periodcentered e by emacron;
sub egrave' t periodcentered e by emacron;
sub E' T periodcentered.case E by Emacron;
sub Egrave' T periodcentered.case E by Emacron;
} macron;
Les features fonctionnent en cascade donc l’ordre dans lequel elles sont rédigées a de l’importance. Par exemple, on remplace d’abord les points médians en cohabitation avec des capitales par des points médians de capitales periodcentered.case
avant de lister des remplacements qui font appel à ce même periodcentered.case
.
Proposer vos fontes qunifiées
43 ligatures post-binaires requises
Si votre fonte repose sur un principe de ligatures, un minimum de 40 d’entre elles sont nécessaires à son bon fonctionnement, en voici la liste :
a_e
a_o
a_u_l_a
c_h
c_q
d_e
d_u_d_e_l_a
e_a
eacute_e
e_t
e_s
e_u
f_f_e
f_v
g_u
i_e
l_e
l_l
l_u
m_p
n_e
n_n
o_f
o_idieresis
o_t
p_m
p_e
r_e
r_i
r_s
s_c
s_e
s_l
s_s
s_t
t_e
t_t
u_e
u_l
x_c
x_l
x_l_l
x_s
Si votre fonte post-binaire fonctionne avec un autre principe que des ligatures, écrivez-nous à typotheque@genderfluid.space.
Crash-test
Passez votre fonte dans notre fichier crash-test au format .rtf ou .indd.
Organisez vos fichiers
Vos fichiers doivent être organisés selon une architecture précise avec ces dossiers :
- otf (contenant vos exports en .otf)
- ttf (contenant vos exports en .ttf)
- webfonts (contenant vos exports en .woff et .woff2)
- source (contenant vos fichiers-sources en .ufo, .glyphs, .vfc, etc.)
Un certain nombre de fichiers doivent également être présents à la racine :
- README.md (contenant le texte de présentation de la fonte)
- Licence (CUTE ou OIFL ou OFL ou CC, etc.)
- Specimen.pdf (un spécimen de la fonte au format pdf)
En guise d’exemples, vous pouvez regarder comment sont organisés les repository des fontes sur le GitLab BBB.
Donnez-nous quelques informations
Nous avons besoin de quelques informations qui figureront sur la page de votre fonte une fois publiée :
- Nom de la fonte* :
- Auteur·ice(s)* :
- Un lien vers votre site* :
- Graisse(s) : (regular, italique, gras, condensé, etc.)
- Version(s) : (normal, rounded, mono, etc.)
Écrivez-nous
Une fois toutes les étapes précédentes complétées, écrivez-nous un mail avec un .zip de vos fichiers et toutes les informations en corps de mail à cette adresse : typotheque@genderfluid.space
En savoir plus sur læ QUNI
Le standard Unicode comme terrain vague
Cette grande prairie de jeux et d’expériences inclusives est aménagée à l’intérieur de la Supplementary Private Use Area-A (PUA-A) du très industriel Standard Unicode, centré sur l’alphabet latin. On n’a pas le choix, c’est le “leading standard” qui est utilisé par tous les téléphones, ordinateurs et logiciels qui nous entourent. Pour y injecter læ QUNI, on campe dans un bloc terrain vague en bordure, et c’est évidement la zone la plus cool. Nous nous sommes inspiré·es du Medieval Unicode Font Initiative (MUFI), un projet visant à coordonner l’encodage et l’affichage de caractères médiévaux écrits en alphabet latin.
Pour les dessinateur·ices
Pour dessiner des caractères post-binaires dans des fontes, læ QUNI est construit·e autour de trois éléments-outils :
- Quoi : la liste la plus complète possible des caractères à dessiner.
- Où les mettre : le tableau des points de codage Unicode qui y correspondent.
- Comment les faire apparaître (y accéder) : les fonctionnalités OpenType avec lesquelles équiper les fontes. Tous ces outils sont repris dans le tableau de læ QUNI.
Quoi - la liste des caractères post-binaires
La liste des caractères post-binaires reprend un maximum de caractères post-binaires qui ont été injectés par les dessinateur·ices des premières fontes de la typothèque. Ce sont très largement des caractères post-binaires utilisés pour couvrir les suffixes genrés de la langue française. C’est une liste très ouverte qui comprend des formes de « base », des formes « fondues » (pour inclure le s du pluriel par exemple), des signes diacritiques et l’Acadam.
Où mettre ces caractères post-binaires
Le tableau de læ QUNI permet de savoir dans quelle case mettre quel caractère, c'est-à-dire quel code Unicode (U+...) leur attribuer. Il indique aussi les noms de production à donner aux caractères post-binaires (exemple: eacute_e), utilisés entre autres dans les features OpenType. Ces codes Unicode et noms de production permet d’être le plus largement compatible.
Comment accéder à ces caractères post-binaires
Les features OpenType permettent d’appeler les caractères post-binaires grâce à un système de remplacements automatiques. Ainsi, il suffit à l’utilisateur·ices de la fonte de rédiger en inclusif en utilisant le point médian (·) pour appeler le caractère adéquat. Par exemple é · e est automatiquement remplacé par le caractère é·e grâce au code de substitution sub eacute periodcentered e by eacute_e;
Les fichiers
Pour les curieux·ses:
Pour qui ? Pour plein de nous !
Læ QUNI est développé·e :
- Pour que les utilisateur·ices des fontes puissent accéder et utiliser les caractères post-binaires inclusif·ves dans leurs textes d’une manière compatible entre différentes fontes. Voir notre Mode d’emploi.
- Pour que les dessinateur·ices des fontes puissent poser les caractères post-binaires dans les cases Unicode communes. Voir le tableau de læ QUNI
- Pour que les mêmes dessinateur·ices des fontes puissent utiliser les features OpenType pré-rédigées comme base.
Quatre modes de fonctionnement
Nous avons répertorié plusieurs modes de fonctionnement des fontes inclusives existantes.
Ligatures
Il y a deux possibilités de ligatures au moins. Les ligatures de base (onglet « base » dans le tableau du QUNI) s’opèrent entre deux caractères séparés par un point médian.
Les ligatures plus fondues (onglet « fondue » dans le tableau de læ QUNI) permettent des agglomérations de plus de deux caractères, par exemple dans les formes au pluriel.
Formes alternatives non-binaires
Les caractères non-binaires sont conçus pour permettre un accord débinarisé ne reposant pas sur la fusion entre les terminaisons masculines et féminines. Par exemple, l’usage d’un « x » au dessin particulier.
Signes diacritiques
Les signes diacritiques souscrits ont des accents sous les lettres qui permettent de marquer les terminaisons genrées, comme des bornes indiquant le passage d’un genre à un autre.
Acadam
Les fontes reposant sur l’Acadam permettent de traduire un texte écrit en inclusif avec le point médian en grammaire non-genrée.
Læ QUNI gonflable
Læ QUNI est prêt·e à de très nombreux ajouts, c’est une initiative blobesque. De plus en plus de fontes se font garnir de caractères post-binaires. Chacun d’entre eux s’est vu attribuer une valeur Unicode de la Supplementary Private Use Area-A (PUA-A) et peut être enrichi de quinze variantes de dessin (alternates), et ça dans chaque fonte. L’initiative a des perspectives d’agrandissement, entre autres pour d’autres langues et systèmes d’écriture, puisqu’en tout ce sont 3496 cases qui sont disponibles pour y injecter de nouvelles propositions de caractères post-binaires, et 52440 variantes !
Le tableau d’occupation de la PUA
Le tableau de læ QUNI extensif dans sa PUA complète
Le système proposé pour les caractères alternatifs
Attention : le standard Unicode fonctionne en hexadécimal, pour respecter ce système de mesure il y a 15 variantes de dessins possibles derrière un glyphe dit « parent » (15+1=16). De cette manière, chaque Unicode d’un glyphe parent se termine par « 0 », la première variante par « 1 », jusqu’à la quinzième variante qui se termine par « F ». Nous allons donc de « 0 » à « F » comme ceci : U+F1000, U+F1001, U+F1002, U+F1003, U+F1004, U+F1005, U+F1006, U+F1007, U+F1008, U+F1009, U+F100A, U+F100B, U+F100C, U+F100D, U+F100E, U+F100F.